En mémoire d’Emaho : une lumière qui guide encore

par | 14 Oct, 2025 | Blog

Lorsque j’ai appris la disparition d’Emaho, en octobre 2023, en pleine cérémonie inipi, c’est comme si une immense brèche s’ouvrait dans mon cœur et dans le tissu même du monde spirituel que nous partagions. Ce maître, ce guide, ce frère de chemin, qui m’accompagnait depuis plus de dix ans, a quitté ce monde — et pourtant son éclat continue de rayonner.

« La vie n’est pas une technique. J’ai découvert que ce sont la sincérité et l’honnêteté qui créent le changement. Ce sont simplement les intentions, les sentiments et ce qu’il y a dans le cœur qui comptent. » ~ Emaho, The Astronaut Within

 

Le chemin parcouru ensemble

Il est difficile, voire injuste, de vouloir résumer une relation spirituelle de plus d’une décennie en quelques paragraphes. Pourtant, je vais tenter de tracer quelques jalons, pour que ceux qui ne l’ont pas connu puissent sentir la présence d’Emaho.

Un éveil progressif : Lorsque j’ai rencontré Emaho, je rentrais de ma quête de vision dans le désert et j’étais assoiffé de connaissance nouvelle — je cherchais des portes, des vérités, un lien plus profond avec les Esprits, un nouveau chemin de vie. Il m’a d’abord accueilli sans jugement, m’a offert la puissance de sa présence et de son regard, le respect de mes interrogations, et la confiance que je pouvais porter mon propre feu intérieur.

L’art de l’initiation : Il y avait chez Emaho une rigueur douce, un respect du temps, du signe, de la patience. Il savait discerner quand pousser, quand lâcher, quand inviter à plonger en soi-même, quand laisser l’âme respirer. Je me souviens de cérémonies nocturnes, de chants, de danses, de rituels autour de son autel. Chaque fragment de sa transmission portait l’empreinte subtile du feu de son coeur.

Guérisons et métamorphoses : Sous son regard et entre ses mains, j’ai vu des blessures intérieures se dénouer, des masques tomber, la lumière intérieure réapparaître. Dans sa présence, j’ai appris la médecine sacrée, mais surtout : il m’a appris à regarder le monde avec les yeux de mon coeur, à respecter tous les êtres vivants visibles et invisibles et à marcher sur la Terre avec humilité.

Un miroir spirituel vivant : Emaho ne désirait pas être vu comme une figure immuable, un maître infaillible. Il était vivant avec ses doutes, ses chutes, ses parts d’ombre. Il savait rire, pleurer, gronder comme le tonnerre et se taire. Il m’a appris que le chemin chamanique n’est jamais linéaire, que la vulnérabilité est une porte vers la guérison, et que marcher dans la lumière requiert d’écouter son propre coeur et d’entretenir la connexion avec l’Aigle.

Danse du Feu d'Emaho avec Eric en juillet 2010

La cérémonie où il a traversé

Sa mort survenant en pleine cérémonie – ce paradoxe à la fois douloureux et sacré — n’a jamais cessé de m’impressionner. Était-ce un passage volontaire, un appel des Esprits, une invitation ultime à rejoindre les mondes invisibles dans le flux du cérémonial ? Je n’ai pas de réponse définitive. Mais je sens, dans chaque battement de tambour, dans chaque souffle de vent, dans chaque flamme qu’il est là — plus présent qu’avant.

Ce soir-là, lorsque la cérémonie bascula, il y eut un silence immense, suspendu. Emaho a enseigné sur ce qu’il traversait et il a chanté jusqu’au bout. Les participants ont dû sentir le vide, la perte — mais aussi un appel à se tenir debout dans ce vide, à être le pont entre les vivants et les morts. C’est ce que je tente de faire ici, aujourd’hui.

 

Son héritage pour les Gardiens du Feu

Dans cette communauté que vous chérissez, je souhaite que l’héritage d’Emaho continue de vibrer :

  • La fidélité à la voie du coeur : Puissions-nous rester fidèles à la profondeur, à l’intégrité et à la simplicité qu’il incarnait. Le chamanisme n’est pas spectacle, ce n’est pas dogme : c’est être présent, à l’écoute, au service.
  • L’humilité dans l’offrande : Que chaque soin, chaque cérémonie, chaque enseignement soit fait avec humilité, sans orgueil, sans certitude absolue. Emaho nous a enseigné à être des serviteurs de notre coeur, jamais ses maîtres.
  • La transmission vivante : Que sa voix continue à se transmettre — non comme un texte sacré figé, mais comme un souffle vivant, adapté à chaque être, à chaque époque, à chaque terre.
  • La communion avec la vie : Que jamais nous n’oublions de marcher sur la Terre avec Amour, de tendre nos mains aux anciens, d’honorer les Esprits de la nature et de reconnaître le caractère sacré du quotidien.

Enseignement d'Emaho en novembre 2019

Appel à la communauté

Je vous invite, chers Gardiens du Feu, à prendre quelques instants — un matin, une nuit, une aurore — pour déposer une prière, une offrande, une lumière pour Emaho. Allumez un feu, entonnez un chant, laissez vos larmes couler si elles doivent couler. Que sa mémoire se rende vivante dans vos actes, vos soins, vos vies.

Et si vous avez des récits, des expériences, des mots à partager sur Emaho, je vous encourage à les déposer en commentaires ou à m’envoyer vos textes : que cette plateforme devienne un lieu de recueil collectif, de gratitude, de transmission, de renaissance.

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